samedi 30 avril 2016

C'était la merde

27 avril.


Ça fait peur et ça donne pas envie d'être adulte. Pas envie de devoir tout gérer, pas envie d'avoir à affronter la réalité.

Mon voyage je voulais pas que ce soit ça, je ne pensais pas vivre comme ça, mais y' a toujours des imprévus dans la vie. Sauf que cette fois c'est tout un amont d'imprévus plus gros les uns que les autres.

Le sujet aujourd'hui c'est l'argent, monde capitaliste de merde, bien que le communiste ne soit pas franchement mieux, et je n'arriverai pas ici au point Godwin... Mais passons. Nous avions décidé d'aller passer trois jours à Lima prendre la température (chaud) et ça fait maintenant une bonne semaine qu'on galère. 

 Ça avait commencé à Cusco: arrivés dans la ville la plus proche du Machu Pichu et donc une des plus touristiques, pas de couchsurfer: hôtel. Pas très cher mais déjà ça, pendant 4 nuits, dont deux en matrimonial parce que pas le moral et besoin de se retrouver et de toute façon ne t'en fais pas ça ira après on ne se paie plus grand chose. Voyage en stop, on se paie une nuit imprévue à l'hôtel, mais fallait bien la passer quelque part cette nuit. Arrivés à Nasca, hôtel une autre nuit. Et puis un resto parce que t'inquiète on va avoir des sous, alors ça ira, et puis je tombe malade, alors une autre nuit. Pas cher à chaque fois, et toujours un peu plus, et la merde arrive: j'oublie mon code de carte bleue. On doit se servir de celle de Louis qui n'a pas droit à quelque crédit que ce soit. On part de Nasca, en stop parce que pas la thune, et puis on arrive enfin à Lima avec plus un seul rond parce que pas l'occasion de retirer: on demande de la monnaie de ça de là pour se payer un bus et arriver au point de rendez-vous qu'un mec sympa nous a donné pour nous héberger. Il n'est jamais venu, une autre nuit à l'hôtel... On négocie les prix, on paie le moins cher possible, cette fois on a juste vraiment pas le choix, mais ne vous en faites pas on paiera demain.

 Le lendemain au réveil la bonne surprise: Louis est en-dessous de 0, plus le droit aux retraits. Je me bats à retrouver mon code mais rien à faire quand on sait pas on sait pas, je ne connais plus que le sien... Un virement de mon compte au sien? Demander confirmation à la banque. Un jour de plus. On laisse le passeport à l'hôtel en guise de caution et trouve quelqu'un pour nous héberger deux nuits. On nous donne une semaine pour rembourser, ne vous en faites pas on sera là avant. Le banquier confirme que je peux faire un virement, je le fais: délai d'attente 3 jours parce que c'est le premier. Bon, nous attendrons. T'en fais pas on trouvera. On trouve quelqu'un d'autre pour nous héberger quelque jours de plus «juste deux ou trois maximum ça suffira je pense!». Les trois jours s'écoulent mais il faut confirmer par téléphone, je n'ai plus ce numéro-la, je confirmerais bien avec un autre mais il faut que le banquier le confirme aussi, et toujours ces connasses de 7h de décalage qui font qu'on se réveille quand eux ferment. Un mail est envoyé, et mon code est en cours d'envoi aussi mais il faut attendre ça met du temps putain, je l'ai fait envoyer chez une amie, elle n'est pas là. Son père n'est pas là non plus. Elle rentre en urgence pile le jour du délai, soit aujourd'hui, c'est génial je ne la remercierai jamais assez tout va rentrer dans l'ordre! La boîte aux lettres est vide. Le facteur passe à 10h environ, il sera 3h ici, on va encore bien dormir...

 6 jours ont passés depuis notre arrivée à Lima. On doit de l'argent, on envoie un à deux mails par jour aux banquiers pour essayer de négocier ou de demander des solutions ou de réclamer des sous perdus, on a plus qu'un passeport, on a peur, on sait pas quand on va sortir de là, on est attendus en Équateur ils se demandent ce qu'ils foutent les français pourquoi ils sont pas là ils veulent plus aider ou bien ils se rendent pas compte que chaque jours comptent? Oui mais on doit attendre il fait nuit en France, les fonctionnaires ils bossent plus quand nous on daigne ouvrir les yeux après une nuit où on n'a pas arrêter de s'agiter tellement on stresse. Hier je ne pouvais plus marcher, mes jambes tremblaient trop quand je restais debout, ma tête me faisait mal et le bruit de la ville était insupportable, mais on est sortis, c'était mieux de sortir que d'attendre enfermés dans la chambre. Heureusement le bon côté dans cette histoire c'est qu'on a Ricardo, notre petit navire qui nous force parfois à boire de la bière mais bon, peut-être qu'il a raison et qu'on en a pas mal besoin après tout, c'est mieux que d'être que tous les deux avec nos problèmes. Ricardo il a les siens et un sourire, alors on sourie aussi, et on sourie tous les trois et on verra demain même si cette nuit on va mal dormir.

Je ne publierai pas cet article avant qu'on soit sorti de la merde. Parce que nos parents nous lisent, parce que nos amis nous lisent, parce que moi et ma fierté de 600 tonnes on aime pas se plaindre surtout quand il s'agit d'argent et des petits plaisirs qu'on s'est fait. Mais en attendant, j'avoue, j'ai peur putain.



30 avril.



 Il y a trois jours, jours où j'ai écrit les mots précédents, nous avons essayé de soutirer au guichet plus que ce qu'on pouvait normalement, pour rembourser l'hôtel: ça a marché, nous sommes allés prendre le passeport, c'était une première victoire qui mettait du baume au coeur après la déception de ce code pas reçu, et on était soulagé d'avoir notre bien le plus précieux sur nous!

 Hier matin j'ai eu le code, et j'ai eu peur que ma carte soit bloquée alors j'ai couru au premier magasin possible acheter n'importe quoi (un deo c'est cool un deo c'est utile un deo... Non?), et ça a marché, alors j'ai sautillé partout parce que je croyais que ma carte était bloquée, la dernière fois j'avais essayé de rentrer mon code beaucoup plus que trois fois... Et puis on a essayé de retirer des sous au guichet, test ultime, ça a marché et j'ai crié dans la rue. Je me suis excusée ensuite, Louis m'a dit que j'aurais pu crié plus fort si je l'avais voulu! On a encore dépensé mais cette fois on sait que ce n'est vraiment pas grave, on sait que la fin du voyage approche et qu'on a plus à se demander où loger maintenant, et puis on avait pas fêter l'anniversaire de Louis, et puis fuck on va bien on a le sourire. C'est fou comme une carte bleue nous a donné le sourire... Mais qu'importe. Nous l'avons le sourire, parce qu'on s'est tiré comme des grands de la merde dans laquelle on s'était mis comme des grands, et c'est le plus important.

Demain Dans quelques heures (il est 4h19 ici...) départ en Équateur, enfin et pour de bon!

Merci la vie <3


PS: À la relecture pour essayer de traquer les fourbes fautes qu'il peut y avoir, je me suis rendue compte que j'ai vraiment écrit comme une petite fille. Vous ne vous imaginez pas à quel point face à toutes les merdes qu'on a eu ces derniers jours je me suis sentie petite fille dans ce monde de brute... Ça me paraissait énorme mais il faut se rendre à l'évidence: je n'ai bel et bien non déjà 18 ans, mais QUE 18 ans..

mercredi 20 avril 2016

Généralité du pays de l'avocat.

Bon, je vous l'avais promis il y a un sacré bout de temps déjà (du moins par rapport à la vitesse à laquelle on voyage), et le voilà enfin: mon article sur le Chili. Et de nouveau pardon pour les fautes... Il est tard!

J'ai mis longtemps avant de me lancer dans cet article tout simplement car il est extrêmement difficile à écrire. J'essaie d'être la plus objective possible, mais objectivement je ne peux vous dire qu'une chose: je n'aime pas le Chili. (On me souffle à l'oreillette que c'était pas très très objectif, ni très très Charlie tout ça mais bon passons.) Nous avons rencontré des gens géniaux au Chili, des perles, vraiment, des gens que nous n'oublierons jamais, Lucas et Francisca qui nous ont fait découvrir le pays, Jenni à qui on a offert un petit bout de France une dizaine de jour en échange d'un joli sourire aussi souvent qu'on la voyait, Paloma et sa famille évidemment qui ont été vraiment merveilleux avec nous... Mais le pays en lui-même je ne peux le supporter.

Déjà lorsque nous sommes arrivés au Chili, nous avons eu la mauvaise surprise de se retrouver avec des prix équivalent ceux de France, qui déjà lorsque l'on n'y vit ne sont pas donné, mais lorsqu'on y voyage comme nous faisons Louis et moi sont assez extrême, et c'était toute une ruse pour éviter de se ruiner en s'achetant seulement de quoi manger, et nous avons même du trouver des moyens de se faire des sous. Le côté positif avec le fait que la vie est chère est que les vendeurs ambulants ne sont pas rares et qu'il est somme toute assez facile de vendre dans la rue des hamburgers par exemple. Si les prix sur le marché sont équivalents à ceux que l'on trouve en France, les salaires sont moindres et les chiliens doivent payer encore plus que nous car ils ont ce que nous n'avons pas: la route payante. Évidemment vous allez me dire que nous aussi avec nos autoroutes, mais nous avons la chance d'avoir le choix, ce qui n'est pas leur cas. En effet, la route 5 est la route qui traverse le Chili du Nord au Sud, est unique, et payante. Impossible d'avoir d'alternatives, sauf quelque fois au chalet au sud lorsque les villages s'éloignent de la route. Et encore, il arrive bien souvent que ces routes soient des chemins de pierre...

Si les Chiliens consomment autant alors qu'ils paient autant, c'est grâce à la vie magique du crédit. En effet, ils ne sont pas rares à demander un crédit à la consommation. C'est ainsi que dans des maisons insalubres on peut voir de grands écran plat avec pour but de regarder autant d'émission à la con qu'on peut trouver en France (quoi qu'il y en a des pires je trouve...) et évidemment leur sacrés match de football, qu'ils chérissent plus que tout. Je ne vous dis pas la tête qu'ils font à chaque fois que Louis fit qu'il préfère le rugby... Moi? Oh, on ne me pose pas la question, je ne suis pas concernée par ces choses d'homme apparemment! (Bon en vrai si on me la posait ce serait juste pour que je réponde que j'en ai rien à foutre, mais les principes, tout ça...)

Parce qu'évidemment, la plus grosse raison de pour laquelle je n'apprécie pas du tout le Chili, en plus du fait qu'ils soient américanisés au possible, est bien entendu le fait qu'ils soient machistes à souhait. Certes, déjà en Argentine c'était pas ça, et aujourd'hui au Pérou ça ne va pas beaucoup mieux... Mais je trouve que les chiliens sont les pires. Comme dans de nombreux foyers d'Amérique du Sud, et encore dans de trop nombreux foyer en France à mon goût, la femme s'occupe du ménage, des enfants, si il y a l'un des deux qui ne travaille pas c'est elle, son salaire est plus bas que celui d'un homme, elle a plus de mal à se trouver du travail, elle est en tête d'affiche dans des positions sexy, la femme objet symbole de désir, ce que l'on pourrait qualifier de «machisme ordinaire», triste à dire. Mais en plus de ça, de nombreux chiliens (surtout au Nord du pays) ont une manière de regarder... Particulièrement dérangeante. Nous sommes des objets, nous pouvons être regarder, ce n'est qu'une question de temps avant qu'on leur appartienne et qu'il nous frappe le cul violemment en nous tirant les cheveux parce que «t'aime ça salope». Vous trouverez sans doute ces mots dur et cru mais c'est la seule chose que je lisais dans leurs yeux, alors même que j'étais tranquillement en terrasse avec mon copain, ou voir même en train de lui faire un énorme câlin assise sur ses genoux... Bien que je n'excuserai jamais cette attitude envers une femme célibataire, leur comportement face à un couple témoigne un manque de respect total envers l'amour lui-même et la volonté des gens. Et je ne dis pas des femmes, mais bien des gens, car même la volonté de leur «semblable masculin» d'être avec moi leur importe peu. Évidemment, là je parle d'une relation hommes-femmes, je vous épargnerais les détails sur l'homophobie massive.

Cette homophobie est due, on pouvait s'en douter, à la forte présence de l'église dans leur vie. Pour nous particulièrement qui voyageons en stop, il n'est pas rare de voir un camion ou une voiture avec une image de la vierge, une croix, ou quelconque autre symbole pendouillant rétro intérieur. Attention, je ne ferais jamais l'apologie de quelle que croyance que ce soit, je tiens à respecter toutes les religions. Cependant, dès lors qu'elle-même ne respectent pas l'intégrité d'une tierce personne, ça m'irrite au plus haut point... Ainsi, à cause de cette forte présence de l'église, l'avortement est bien sûr illégal, et les moyens de contraception pas toujours facile à atteindre, bien que l'on connaisse pire évidemment. Les bons collèges sont privés, et catholique évidemment, et les études supérieures sont toutes payantes, même à l'université. Ce qui n'empêche pas les chiliens de payer encore et encore des années de fac...

Mais si tout ceci semble faire du pays un pays très arriéré, il n'en est rien: grâce à notre chère patrie américaine (veuillez m'excuser une nouvelle fois de la non-objectivité de cet article), qui se mêle des affaires du Chili depuis la seconde guerre mondiale et particulièrement depuis la prise de pouvoir du dictateur Pinochet et de la mort d'Allende, le Chili se veut être un pays industrialisé, urbanisé au possible dans certaines zones et désert dans d'autres, où nous pouvons dans chaque ville trouver l'un des fameux «mall», centre commercial à l'Américaine, où nous trouvons toujours les mêmes marques (Fallabella, Tottus...) bien cher comme on les aime. Grâce à leur crédit les Chiliens ont tous de gros pick-up ou autre voiture du même genre (une grosse voiture, une vache, et une patate...), et il arrive souvent de voir des camionnettes rouges passer, les camionnettes de ceux qui travaillent à la mine, l'économie principale du Chili.

Ainsi, le Chili est un pays tiraillé entre l'avancée trop rapide de son modes de vie et celle trop lente des mentalités, même si on ne peut pas dire qu'ils n'avancent pas. Mais même si je me suis beaucoup attardée sur les choses que je n'aimais pas, au delà de ça le Chili est un pays magnifique qui regorge de coin merveilleux, de gens géniaux également, beaucoup veulent aider alors même qu'ils ne le peuvent pas, et d'avocats. J'adore les avocats, en avoir au petit dej, à midi, au goûter, au dîner, et même en plein milieu de la nuit c'est trop du bonheur <3! (On cherche les points positifs où on peut hein.) Petit point bonus, les Chiliens, et en général les Sud-Américains, adorent la France et sa langue, son savoir-faire du pain, même si il leur est inconcevable qu'un fromage puisse puer. A ce propos à notre retour on exige une raclette, une tartiflette, une fondu, ou quoi que ce soit dans le genre puant bien le fromage de la mort qui tue, parce que ceux d'ici bonjour...

J'espère avoir donné assez de détails sur le Chili, ne pas vous avoir fait trop peur avec mes mauvaises impressions, et quenvous comprendrez que malgré tout ce que je dis on y est resté plus d'un mois et que ce n'était pas pour rien, on s'y est bien plus quand-même! La traduction c'est que, oui, vous pouvez conclure tout seul dans vos têtes comme des grands que je suis une sale raleuse. Moi je n'assume pas encore.

Allez bisous les copains!

mardi 12 avril 2016

Au revoir Chili!

Article écrit le 10 avril 2016. De nouveau je m'excuse pour les fautes, j'écris souvent mes articles en voyage ou dans mon lit, à des moments où je suis fatiguée, et les corriger après est un peu compliqué... J'espère réussir à toutes les débusquer!

Et nous voilà enfin sur le chemin du Perou! Ça fait longtemps que je n'ai rien écrit, mais cette fois ce n'était pas vraiment par manque de temps, mais plus par manque de choses à dire.

Dans mon dernier article nous étions en route pour Puerto Montt chez Paloma, notre amie chilienne. Nous y avons passé un peu plus d'une semaine, avec au programme glandage, sorties avec ses amis, visites de la Carretera Australe, d'un village des îles Chiloe (même si on y a malheureusement pas passé beaucoup de temps!) ou encore de Puerto Varras, un village assez touristique! Vous comprendrez donc que même si c'était suuuuper sympa, on a pas grand chose à raconter d'autre ahaha! Sa famille et elle ont été adorables avec nous et on est parti le cœur un peu serré, mais le temps commençait à se faire pressant, il ne nous reste qu'un mois et demi avant notre vol pour la France... 

Nous sommes partis sans soleil mais sans pluie au moins, et ça ça fait plaisir! Paloma avait demandé à sa cousine de nous héberger plus au Nord, et ils nous ont accueillis le soir venu. Eux aussi étaient adorables et le repas a été agréablement animé de conversations de tous les côtés! Au moment d'aller se coucher, surprise: une chambre juste pour nous, avec un lit deux places... Ça faisait une éternité qu'on avait pas eu droit à tant d'intimité et d'espace pour dormir!! Se lever le matin était quand-même un peu difficile... Mais nous sommes tout de même repartis et avons avancé plus vite que prévu: alors que nous ne pensions l'atteindre que le lendemain, nous avons atteint La Serena le jour-même, malheureusement trop tard pour aller jusqu'à Copiapo chez Lucas et Francisca, où nous serions arrivés au milieu de la nuit. Nous sommes donc repassé par l'hôtel Aji Verde, un peu dégoutés d'avoir à payer, mais rassurés de se poser tout de même: j'étais vraiment malade, souffrais de la tête, la gorge, les oreilles, les passages à la montagne n'arrangeant rien... Le voyage n'était pas des plus agréables! Mais nous avons continué à avancer quand-même, et le lendemain soir (soit hier) sommes arrivés chez nos amis de Copiapo,ravis de les revoir! La soirée était géniale, tranquille, et avec une belle surprise: la grossesse de Francisca! (Elle m'a demandé les prénoms de mes frères et soeurs et à flashé sur Amaïa... Et sur le mien aussi! Je veux avoir une homonyme Chilienne.)

Ce matin... Enfin ce midi du coup (laaaa grasse mat'euh...) on a été pris super facilement par un camion de Copiapo à Chañaral, une ville où il n'y a RIEN, et depuis là un camion nous a pris directement jusqu'à Arica!! On a pas mal de chance sur le coup, puisque depuis Arica il faut que l'on prenne un bus pour traverser la frontière (plus sûr que le stop et peu cher). Je n'arrête pas de penser à quel point on a été chanceux de rencontrer Paloma et d'aller au Sud du Chili, parce que c'est vrai qu'ici on aurait rien eu à faire... Et en plus on repart avec plus de sous qu'à notre arrivée. Merci Palomitaaaaa! 

De l'autre côté du désert, au Pérou, nous attendent des couchsurfer dans chaque villes que nous voulons visiter, un dans chaque ville pour nous héberger, et plusieurs autres pour boire des coups avec nous! En ça, les péruviens sont beaucoup plus accueillants que les chiliens et ça fait chaud au cœur! Surtout qu'on a vraiment envie de découvrir toute la culture péruvienne tant différente de la notre... Un couchsurfer nous a proposé de nous inviter dans son village natal, au milieu de la forêt amazonienne!! C'était juste inespéré, on est aux anges. Ensuite, nous avons prévu de nous poser une semaine dans un village où nous allons faire du wwoofing... Et où Louis va avoir son cadeau d'anniversaire! (Et oui je vais vous faire lambiner un peu et ne dirait ce que c'est que lorsqu'il l'aura eu hihi!)

Voilà voilà c'est tout pour les nouvelles, vraiment peu de choses à dire. Mais je publierais sous peu l'article plus général sur le Chili parce qu'il y a matière à dire je trouve! En attendant profitez de ne pas avoir à trop lire, pour une fois ahaha!

dimanche 27 mars 2016

L'article du retard et du Chili!

ENFIN ARRIVÉS AU CHILI! Bon certes depuis deux semaines... Le temps passe vite, et oui nous avons un jour été pris à la frontière, ce qui était assez inespéré!

Lendemain matin de notre nuit à la frontière, nous nous réveillons tôt pour aller de nouveau guetter les voitures. Une arrive alors avec... surprise! Paloma et Enzo à l'intérieur! Ces deux là ont toujours un grand sourire et surtout plein de bouffe sur eux!! Ils nous en donne pas mal avant de repartir avec Flor occupant la dernière place de la voiture: on se donne tout trois rendez-vous à Copiapo dans la journée. Miracle! Quelques minutes plus tard une autre voiture arrive... Et refuse de nous prendre. Les aléas rageant du stop... Mais après trois quatre autres heures d'attente où je ne tiens plus en place au grand damn de Louis, une famille arrive dans un bus aménagé. Non pas un camping-car, mais un vrai gros bus dont ils ont virés tous les sièges pour mettre des canapés, des lits, des toilettes, et même des quads qui attendent d'être déballé! Ils nous prennent avec plaisir et sont adorables avec nous. Le seul problème du bus: 20km/h... Dans la montagne, à une altitude de plus de 4500mètres... Maux de tête, de ventres, poussières dans l'habitacle et donc dans nos poumons, enfants un peu capricieux qui pleurent beaucoup... Autant dire que ces 8h pour arriver à Copiapo furent longues.

Arrivés là-bas vers 22h, Louis et moi décidons de chercher un petit restaurant pour nous faire plaisir et contacter Flor pour aller dormir chez elle. Deux mauvaises surprises: de une, les prix ont changés de beaucoup, la vie est chère et le prix des repas correspond aux prix qu'on peut trouver en France, ce qui quand on a notre manière de voyager et qu'on sort d'Argentine est extrêmement cher... De deux, Flor héberge Enzo et Paloma et ne peut donc nous recevoir... Nous avons eu une réponse positive pour le couchsurfing mais malheureusement il est trop tard maintenant pour contacter la personne nous ayant dit oui. Il nous faut donc passer la nuit dehors ou trouver un hôtel en échange de boulot... La deuxième solution aurait été parfaite mais les hôtels nous refusent tous, sans pitié, allant même à nous claquer la porte au nez sans même que nous ayons fini notre phrase. Nous demandons donc à des jeunes un endroit tranquille où se poser pour dormir et ils nous conseillent près du casino, où nous allons. Le voyage est long après tant d'heures éprouvantes en bus, un sangle de mon sac est cassée le rendant donc très lourd, nos nerfs lâchent petit à petit... Arrivés devant le casino, grand, beau, et cher, vient vers nous un homme nous demandant des feuilles pour se faire une cigarette. Il nous propose aussi de lui acheter de la marijuana, nous rions en lui disant que sans avoir de quoi se payer un lit, nous ne lui acheterons pas de ça ce soir! Il nous embobine alors en nous parlant d'un hôtel pas cher etc... Et un quart d'heure plus tard part en courant avec mon portable. Fort heureusement il n'avait pas beaucoup de valeur, à part sentimentale puisque mes musiques et mes photos étaient dessus. C'est donc le moral dans les bottes que nous retournons vers la partie hôtel du casino... Et décidons d'entrer. La chambre la moins cher était à 86€, c'est un hôtel 5 étoiles. Nous sortons notre carte de crédit.

Il était trois heures du matin, nous sommes rentrés dans cette chambre plus spacieuse que mon appart étudiant en France quand j'en avais un, où deux moelleux fauteuils nous attendaient, une douche à l'italienne, une baignoire, une télé avec donc de la musique, et enfin un lit moelleux à souhait, le plus grand dans lequel nous n'avions jamais dormi, avec un nombre innombrable de coussins. A la réception, le garçon nous expliqua les horaires du casino, je souris un peu, puis nous dit que nous avions de la chance que l'on soit jeudi, la boîte de nuit aussi était ouverte, je me suis autorisée un rire, je crois qu'il a compris. Nous sommes toutefois allés consommer la bière gratuite offerte par la maison au bar du casino, dans ce monde tellement loin de celui dans lequel nous vivions depuis des semaines. Puis nous sommes rentrés et nous sommes fait couler un bain, regardant en riant notre «bronzage» partir avec le savon. Nous avons pu nous regarder dans de grands miroirs, rire des cheveux de Louis qui profitent actuellement de l'absence de paire de ciseaux pour prendre leur indépendance, constater que les poils de mes jambes et de mes aisselles n'allaient pas tarder à leur rivaliser... Tout ceci avec en fond musical du metallica, muse, et U2 joués au violon. Lorsque nous sommes allés dormir, nous savions que la nuit serait courte mais reposante, que le lendemain nous attendrait un merveilleusement énorme petit déjeuner, et nos nerfs allaient mieux. Oui c'était cher, oui ce n'était pas raisonnable, mais nous en avions grand besoin, et ne nous autoriserions ceci peut-être (surement) qu'une seule fois dans le voyage alors bon! Et après tout, si le bonheur à un prix, nous sommes prêt à le payer.

Lendemain, nous apprenons en fin d'après-midi que Flor ne peut de nouveau pas nous héberger, alors nous contactons Lucas, le couchsurfer de la veille. Lui et sa compagne Francisca nous accueillent avec plaisir et nous passons de très bons moments ensemble durant 4 jours. Ils sont très cultivés et ont beaucoup de recul sur leur pays, nous apprenons beaucoup à propos de la politique du pays, de l'éducation, de la vie ici en général, c'est un vrai plaisir de converser avec eux. Ils nous conseillent de trouver un travail plus au sud, à La Serena, qui est une ville plus belle et plus accueillante que Copiapo, qui se veut être la ville la plus moche du Chili... quelle réputation! Nous partons donc environ 5 jours après notre arrivée à Copiapo pour La Serena. Faire du stop ici est assez facile et nous arrivons à destination en début d'après-midi avec une adresse où chercher du travail! Malheureusement le restaurant n'embauche plus d'étrangers. Toutefois, je repère l'enseigne du journal local et demande l'adresse du bureau pour m'y présenter. Après ceci, Louis et moi trouvons l'hôtel le moins cher de la ville, une auberge de jeunesse, pour nous poser. Elle est sur le routard et à une très bonne réputation ce qui est mérité!

Après deux nuits à La Serena sans trouver de boulots et en payant l'hôtel, nous rencontrons la patronne qui propose de nous embaucher comme peintres en échange des lits, ce que nous acceptons sur le champs! Le lendemain alors que nous commençons à travailler, je suis contactée par le journal également qui m'embauche aussi. Ainsi, je travaille le matin pour vendre le journal, et nous faire des sous, et Louis travaille toute la journée à l'hôtel pour nous payer le dortoir (je l'aide évidemment l'après-midi). L'ambiance est géniale à l'hôtel, très familière, nous rencontrons beaucoup de voyageurs, beaucoup de français, pas loin d'une vingtaine alors que nous n'en avions pas vu de tout le voyage... La dernière nuit nous nous sommes d'ailleurs retrouvés avec 4 autres français dans le dortoir de 6 personnes, ca nous paraissait tellement étrange!! En effet, depuis notre arrivée, parler la même langue que quelqu'un signifie qu'on lui autorise à nous comprendre, voir qu'on veut qu'elle nous comprenne. Alors qu'en présence de français, on ne s'adresse pas forcément à eux mais ils peuvent tout entendre... On a l'impression d'avoir moins d'intimité, c'est perturbant. Le staff de l'hôtel est pour le moins adorable (excepté une ou deux personnes mais bon ca arrive!) et nous participons pas mal à des soirées, des barbecues etc. Jamais nous n'oublierons Jenniffer, cette patte chilienne tant amoureuse des français qui nous a tellement aidé durant ce séjour, et dont le sourire et le soutien mental nous est rapidement devenu indispensable durant ces longues journées de travail!! (Jenni si nos leemos, ¡gracias por todo, nunca vamos a olvidarte!) Je me retrouve aussi à devoir parler anglais en plus de l'Espagnol et c'est un véritable enfer, l'Espagnol me vient tellement naturellement que faire une phrase simple en anglais est pour moi quasiment insurmontable (j'ai à la base un assez bon niveau d'anglais), mais je m'y rehabitue petit à petit. Je dis bien je car Louis a totalement abandonné l'idée de parler cette langue pour le moment ahah! En revanche, ces jours à l'hôtel l'ont aidé à améliorer son espagnol puisqu'il peut ici prendre le temps d'avoir des conversations avec des gens ayant l'habitude de rencontrer des étrangers et prenant la peine de le comprendre. Mais il est vrai qu'au bout de dix jours nous voulons recommencer à voyager et c'est avec plaisir que nous quittons la Serena pour aller vers notre nouvelle destination: Puerto Montt, dans la maison de Paloma!! Même si nous caressons l'espoir d'aller visiter les tant connues îles Chiloe...

Nous avons passé notre première nuit de voyage à Concon, une petite ville près de la grande ville de Valparaiso... Nous qui comptions trouver un petit village, quelle surprise ce fut de nous retrouver en face d'une série d'immeubles et de restaurants, une ville tellement animée alors que la nuit tombe! Fort heureusement nous avons trouvé un garçon adorable qui nous emmena jusqu'aux Dunes de Concon, réserve naturelle en plein milieu de la ville, en face de la mer... La vue y était magnifique et je rage de ne pas avoir une qualité photo suffisante pour avoir pu capturer ce beau tableau! Nous passons donc une nuit tout de même assez tranquille, bien que troublée par le peu d'espace que nous offre ma petite tente une place...

Et nous voilà maintenant de nouveau en route pour Puerto Montt, avec en poche en adresse où passer la nuit donnée par des gens adorables qui nous ont pris en stop, et enfin pris en stop après bien près de 4h à marcher et galérer à Santiago (le stop dans les capitales, cette horreur...).

Voilà donc un résumé assez bref (ne m'assommez pas svp haha) de ce que nous avons vécu au Chili pour le moment! Je ne me suis pas beaucoup étalée sur comment était la vie ici, mais je pense faire un article exprès dessus car il est vrai que c'est assez complexe et que nous savons désormais assez de choses après de multiples conversations avec un peu tout le monde pour vous l'expliquer bien en détails. Je m'excuse pour ceux qui attendaient des nouvelles du retard de mes articles, ce n'est pas toujours facile de concilier temps, envie d'écrire, inspiration, et trucs a dire! Bref du coup j'arrête avant que l'article soit encore trop long, en terminant par de plates excuses à mes amis lettrés (cc Gaïa) pour toutes les fautes que j'ai pu faire en écrivant cet article.

jeudi 10 mars 2016

Que largo viaje!

22h19, 9 de marzo, 2016.

Nous voyageons depuis maintenant trois jours et allons passer notre troisième nuit dehors. Trois jours, qu'est-ce que c'est? Rien. Nada. Nothing. Mais je vois sur son visage que ces trois jours l'ont marqué, j'ai maintenant en face de moi un homme qui sait ce que c'est que l'épreuve, j'ai en face de moi quelqu'un qui a mûri rapidement, et suffisamment pour savoir que ce n'est pas assez. Je ne sais pas si il le sait mais je le vois dans ses yeux, dans chacun des traits de son visage. Et peut-être voit-il quelque chose qui s'y apparente sur le mien, mais je suis un peu trop narcissique pour lui avoir laissé le temps de me le dire avant de le penser.

Au début tout est allé vite, très vite, et très bien. Nous sommes sortis assez rapidement de San Javier, puis avons été pris pour Villa Dolores, plus grande ville, où quelqu'un nous a indiqué le chemin à prendre pour Quines. Il nous a dit que nous étions fous, de faire demi-tour, qu'il n'y avait rien là-bas, que nous allions sur de trop petites routes. Nous avons continué, car après tout nous avons tout le temps du monde, non? Puis arrivés au bon endroit pour faire du stop, nous avons attendu une demi-heure, le temps était long, nous remettions en question notre décision, mais toujours avec le sourire: ça irait! Puis une voiture nous a enfin pris et nous sommes arrivés au bout du petit village de Quines... Et quel village! Après être arrivés sur la route principale, un panneau nous a indiqué qu'elle était fermée. La raison quelques mètres plus loin: le pont qui ralliait cette route à la ville de Quines, au-dessus d'une rivière,était effondré. Le terme de «cortado», coupé/écourté/toute chose de cet ordre en espagnol me paraissait être le plus approprié au monde. Heureusement pour nous la rivière était à sec et nous avons à peine mouillé nos chaussures, frappés par la désolation féerique des lieux.

Au cours de mon, puis de notre voyage, j'ai remarqué que ces deux termes opposés se mariaient à la perfection. San Pedro et son inondation, des coins abandonnés ça et là, tout semblait tiré d'un autre monde, d'un film d'horreur des années 90 ; mais tout est réel ici, et sans cesser de s'émerveiller nous l'acceptons comme fait totalement normal, peut-être signe que notre esprit s'ouvre, ou bien alors que nous ne réalisons pas que c'est la réalité réelle. Souvent je me demande comment nous allons pouvoir vivre à notre retour en France. Comment faire pour vivre avec des gens qui comme nous avant n'osent vraiment s'imaginer que tout ceci peut exister? Bien sûr que nous savons que c'est vrai, que non le monde ne se cantonne pas à notre Europe si différemment pareille d'un bout à l'autre -bien que l'on ne m'entendra jamais dénigrer les merveilles que recèlent notre cher continent. Mais je divague!

Traverser ce village désolé nous prit deux heures, nous croisâmes quelques personnes qui furent de bon conseil pour trouver le chemin le plus pratique pour se rendre à Chamical, village charnière entre notre petite route et la grande route de la Rioja. Après quelques quarts d'heure à lever le pouce, nous avons été pris à l'arrière d'un petit camion benne (aucune idée de comment ça s'appelle!) par des gens adorables qui nous ont emmenés loin sur la route de la Rioja: trois heures de voyages à reculons à regarder le paysage défiler et espérer que le soleil pointerait le bout de son nez pour réchauffer nos corps frigorifiés (pour moi du moins ah ah) par le vent... Et pour permettre à Louis de bronzer un peu! Un camion nous prit ensuite directement après et nous arrivâmes dans la soirée, à la ville de la Rioja où nous avions décidé de faire escale pour la nuit. La traverser nous prit du temps, et trouver un café un peu plus. Là nous avons trouvé l'adresse d'un lieu pour dormir: un refuge chrétien tenu par une bonne soeur et quelques fidèles. Nous n'avions pas de quoi payer la chambrée à 200 pesos par personne, mais on nous accepta quand-même pour la nuit en échange de seulement 100 pesos, plus symboliques qu'autre chose, la centaine qu'il restait nous servirait à nous acheter de quoi manger.

 Le lendemain, après notre première nuit dans un lit depuis deux semaines, partir de la ville fut compliqué, et on se retint de voler un cheval avec difficulté ahah! Mais un homme nous emmena à la sortie de la ville, puis une femme un peu plus loin, et petit à petit, grimpant dans la montagne, nous avons été pris jusqu'à atteindre Tinogasta. La donne avait changé, si la veille nous trouvions qu'attendre trente minutes était long, de ce côté-là du pays attendre deux heures commençait à devenir une habitude, le passage se raréfiant. De plus, nos réserves de nourriture s'amenuisaient, mais nous ne trouvions pas le temps de rester dans les centres-ville, essayant toujours de rester sur la route principale. Arrivés à Tinogasta à environ 17h, enthousiastes à l'idée que nous avancions mine de rien lentement mais sûrement, nous tâchions d'atteindre le village suivant quand une voiture s'arrêta près de nous pour cracher deux autres auto-stoppeurs, des copains mochilleros. Nous n'avons malheureusement pas l'équivalent de ce mot en français, qu'on traduirait globalement par voyageur en sac, mais cela comprend aussi naturellement le principe du stop et de vie au jour le jour, c'est tout un concept de vie résumé en un seul mot, que je préfère de loin à «touriste», mais qui reste tout de même moins spirituel et pompeux que voyageur. Mais encore une fois je m'égare! Paloma et Enzo aussi se rendaient au Chili et comptaient également dormir dans le village suivant de Fiambala. Ils s'éloignèrent de nous car faire du stop à 4 est quasiment impossible et nous attendîmes. Les voitures passèrent, de plus en plus rares, et l'orage vint: nous nous rejoignimes dans un petit abri, puis les heures passèrent, la nuit tomba et on se trouva un autre abri meilleur où passer la nuit. Paloma venait du Chili et nous parla de son pays: là-bas les gens sont bons, il est plus sûr d'y voyager qu'ailleurs, et faire du stop y est facile. Elle et Enzo, Argentin pour sa part retournaient chez elle, au Sud du Chili et elle nous invita Louis et moi à passer, ce que nous avons accepté puisque le voyage sera rapide. De plus, elle avait un argument de taille: les gens du Nord du Chili sont apparemment plus froids que ceux du Sud... Que de raisons de nous décider! Nous avons partagé la nourriture que nous avions, à savoir pâté et conserves froides pour notre part et fruits, pain, yaourt et Dulce de Leche pour la leur, et avons dormi dans une maison abandonnée, qui comportait l'essentiel: 4 murs et un toit!

On s'est réveillé ce matin à l'aube. Quelques voitures passaient déjà, après un échange de coordonnées, nous nous sommes salués et avons chacuns étaient d'un côté de la route pour lever le pouce. Quand une voiture nous prit, elle ne les avait pas vu, mais ça ne dura pas longtemps: une heure de route plus tard, à la sortie du village suivant, voilà que nous les retrouvions, de la même manière que nous les avions rencontré hier! Mais on s'est vite séparés afin de ne rater aucune occasion de se rapprocher de la frontière, les voitures étant de plus en plus rares. Pour notre part, nous avons été pris par un homme des environs, pendant que Paloma et Enzo ont préféré s'arrêter au kiosque et attendre la voiture suivante. Nous ne les avons pas revu depuis! L'homme s'avérait être très cultivé, curieux de tout, renseigné sur la géologie, l'histoire, la science, s'intéressant à ce que nous lisions en attendant qu'une voiture passe. Durant les 100 kilomètres de voyage au coeur de montagnes de calcaire désertiques, il nous parla beaucoup des lieux, de la faune, de la flore, pendant que Louis et moi ne pouvions qu'acquiescer, nos yeux grands ouverts, tâchant de prendre ces photos qui ne réussissent jamais à capter la beauté du lieu. Du rouge, du blanc, du gris, du vert, un peu de jaune, et le bleu du ciel. Le silence, la  nature, le sauvage. Notre conducteur nous déposa sur la route, près d'un petit refuge arrivé ici comme par magie, rare trace de l'homme en ces lieux si l'on exceptait la route. Lui allait dans un petit village reculé où nous n'aurions trouvé personne pour aller à la frontière: alors nous attendîmes, dans le vent froid de la montagne, et le silence, qu'une voiture passe. A la fois magique et angoissant! Nous n'avions plus qu'une fin de paquet de gâteau et une conserve de petit pois, il fallait absolument que quelqu'un passe.

Fort heureusement une demi-heure plus tard notre voeu fut exaucé et un charmant couple de Buenos Aires nous prit. Renseignés sur les lieux, bavards, très avenants, le voyage fut une partie de plaisir même si nous ressentions la fatigue plus que jamais. Enfin nous arrivâmes à la douane et ils nous laissèrent là pour que nous attendions que quelqu'un aille jusqu'au Chili. Puisqu'il n'y avait rien d'autre que la douane ici, ils nous donnèrent deux sandwichs que nous avons dégustés avec bonheur, l'après-midi à peine entamée. Puis nous avons attendu en compagnie de la gendarmerie et de la douane forts aimables, ainsi que de Flore, une Chilienne attendant depuis le matin qu'une voiture passe pour Copiapo, notre destination. Et les heures passèrent, et nous avons lu longtemps, nous sommes inquiétés un peu aussi, et au bout de 7h d'attente la douane ferma: plus personne ne passerait ici pour la journée. Nous devons attendre demain. Heureusement juste à côté de la douane se trouve un petit refuge pour les gens coincés comme nous. Nous n'avons pas de sous pour payer un lit mais le maître des lieux nous a accepté quand-même, on ne pourrait dormir dehors sans mourir de froid. Nous avons pu parler à Flore qui nous a dit qu'elle pourrait nous trouver de quoi nous héberger à Copiapo, et peut-être même trouver un peu de travail si nous restons une ou deux semaines, ce qui serait bienvenu puisque nous sommes pour l'instant à sec! Les cartes de crédit ne s'utilisent pas beaucoup ici, les gens ne sont pas très équipés. Mais ce n'est pas grave, les gens sont bons et comprennent, ils nous donnent le nécessaire, et nous n'avons pas trop le sentiment de survivre, juste de vivre simplement, ce qui n'est pas plus mal.

Et voilà maintenant plus d'une heure que j'écris nos aventures... Et quelles aventures! De vrais galériens bien comme on aime, c'est mine de rien sympa de ne se soucier que de demain. Nous voilà maintenant dans de petits lits avec plein de couvertures pour tâcher de palier au froid qu'il fait dans la pièce non chauffée: sac de couchage et deux couvertures pour moi, trois couvertures pour Louis... La nuit risque d'être moins agréable que la précédente! Mais au moins nous avons eu une douche chaude pour la première fois depuis plus de deux semaines, et ça, ça change la vie! Enfin, il est tant que j'aille dormir. Au plaisir de vous avoir raconté ma vie!

jeudi 3 mars 2016

San Javier et ses araignées.



Oh bonjour vous ça fait longtemps. Comment ça c'est de ma faute?!

Bon j'avoue ça fait longtemps que j'ai pas écrit d'articles. Mais il faut dire vu les conditions dans lesquelles nous sommes logés, il faut nous comprendre. Et oui je passe du je au nous sans transition. Je suis comme ça moi. Une folle vous dis-je.


Deux semaines bientôt que nous sommes partis de San Pedro et à vrai dire je ne sais trop par où commencer mais je sens que cet article va être long! Mais avant de parler de fin, parlons du début.


Au départ de San Pedro, nous avons eu de la chance: le fils de Juanco, aka le mec qui m'a prêté les locaux pour dormir pendant un mois entier, partait jusqu'à Cordoba pour un boulot pile le jour de notre départ. Cordoba est une grande ville au milieu de l'Argentine, c'est la grande ville la plus proche de San Javier, petit village où nous avons trouvé de quoi faire du wwoofing (terme obscure expliqué un peu plus bas, n'ayez crainte!). C'est une ville vraiment magnifique, bien que nous n'ayons pas eu le temps de la visiter correctement. Nous sommes arrivés là-bas aux alentours de 8h, avons trouvé un petit café pour déjeuner, un coin pour nous reposer une heure ou deux (la voiture de 3h à 9h du matin, ca calme!), puis sommes partis en quête de bus pour sortir de la ville. Après avoir tourné et reviré pas mal pour trouver un moyen de partir à moindre coût (avec seulement une centaine de pesos en poche pour nous deux, soit moins de 7€), nous avons rencontré une jeune fille fort sympathique qui nous a carrément donné sa carte de bus afin que nous puissions sortir de la ville tranquillement... Je regrette de ne pas l'avoir embrassé. Et Louis aussi. Arrivé au point de la ville où les bus ne passent plus, nous avons laissés nos couteaux à portée de main sous les conseils avisés de nombreuses personnes qualifiant ce coin de la ville comme étant dangereux (que lindo <3), nous sommes pris un bel orage sur la gueule, et avons enfin trouvé quelqu'un acceptant de prendre le joli couple d'autostoppeurs que nous sommes! (Modestie: -1000)


Sortir de Cordoba à mine de rien été beaucoup plus facile que sortir de Buenos Aires. Mais la galère des bus reste la même: si on ne trouve pas de personnes connaissant le réseau, c'est foutu... Mais bon nous en sommes sortis sans encombres et c'est le principal! Nous avons traversés une ville ou deux puis des villages de plus en plus petits, avant de traverser la montagne... Les paysages étaient à couper le souffle, et on regrette de ne pas avoir pu prendre plus de photos, bien que je doute fortement que de simples pixels puissent retranscrire la puissance que dégageait cet endroit, c'est trop faible, ca ne suffira jamais! Enfin, après avoir bavé bien correctement tout le long de la petite route sinueuse traversant la montagne, et après avoir rencontré plusieurs automobilistes, nous sommes arrivés de nuit à la Chacra Raiz, petite ferme que nous avions contactés afin de faire du wwoofing deux semaines. Alors le wwoof c'est quoi? World-Wide Opportunities on Organic Farms.Je sais ca ne vous aide pas beaucoup! En gros ce sont de petites fermés biologiques qui logent et nourrissent des volontaires en échange de travail. La belle aventure, surtout perché en haut d'une colline en pleine montagne! Du moins c'est ce que nous croyions. Après avoir voyagé pendant tout de même 18h, nous sommes donc arrivés de nuit dans la petite ferme où le maître de maison nous a accueilli en nous présentant simplement une tente sale, pleine de terre, et trouée, dans le noir. Découvrir le lieu dans lequel nous allons camper pendant deux semaines dans le noir, pas très rassurant. Heureusement pour nous nous avons eu droit à un repas chaud à manger dehors évidemment, à la seule lumière de nos portables... Ce n'était pas vraiment ce à quoi nous nous attendions! Lendemain rendez-vous 8h30 chez lui. Et nous verrons.


Après une nuit somme toute assez désagréable sur une terre dure à souhait (je rappelle que devant parcourir 4 pays en 4 mois nous voyageons léger et n'avons que nos maigres sacs de couchage pour dormir ainsi qu'une tenté minuscule), nous nous retrouvons chez Santiago, le maître de maison, pour partager un petit déjeuner complet qui sera le dernier offert par la maison. En effet, lors de ce déjeuner, on nous explique le fonctionnement du wwoofing ici: le petit déjeuner et le dîner nous devons nous le préparer seul avec les provisions qu'ils nous donneront, pour ne pas réveiller les enfants le matin et avoir un peu d'intimité le soir. Nous partagerons seulement avec eux le repas du midi après avoir travaillé toute la matinée (soit 4h) pour mériter cette hospitalité. Le reste du temps nous ne sommes pas ensemble, chacun fait sa vie comme il l'entend. Cependant, nous avons notre dimanche de libre.

Toutefois, le samedi, il y a dans le village à côté une feria, petit marché de producteurs locaux. Si nous voulons notre matinée de libre ce jour-là, il nous faut travailler une après-midi un autre jour. Sous le soleil d'été à haute altitude. Ca donne envie! Mais bon, ca ira.


Et nous voilà aujourd'hui, jeudi, soit l'avant-dernier jour avant le week-end. Nous partons de la ferme lundi prochain pour le Chili. Entre temps, des coups de soleils, des piqûres de fourmis et de moustiques à foison, des affrontements contre des araignées faisant la taille des mains de Louis (bah oui si ce sont les miennes c'est pas drôle), des nuits à se tourner et se retourner sur un sol dur comme du béton, des muscles endoloris, des soirées à se faire à manger dans le noir, des douches froides, des nerfs à fleurs de peau, des disputes pour rien, des réconciliations plus que nécessaires... Autant dire que ce séjour nous aura bien forgé le caractère pour la suite! Mais bon.


J'avoue que je souligne surtout ici les mauvais moments car ils ont été nombreux. Mais rassurez-vous il n'y a pas eu que ca! Il y a eu des paysages à couper le souffle (qui a foutu ce fond vert derrière les arbres?!), des bains dans des bassins naturels à l'eau limpide, des rencontres avec des gens tellement heureux juste de nous prendre 10 minutes en stop, des repas le midi que jamais on aurait autant savouré dans un autre contexte, des moments à nous plein d'amour, des fous-rires, et d'autres instants si précieux à nous. Oui c'est dur de travailler là-bas, non on ne pense pas que le travail que nous fournissons ne mérite qu'une tente trouée, mais bon tant pis, la prochaine fois on demandera plus de renseignements, et puis merde on verra. D'autant plus que maintenant nous comprenons VRAIMENT quelle chance nous avons d'avoir cet objet magique qu'est un matelas <3!


Et maintenant? Eh bien maintenant, comme dit un peu plus haut, nous nous apprêtons à partir pour le Chili. Le voyage, qui se déroulera lui aussi totalement en Stop, nous prendra environ trois jours. Trois jours de freelance total où nous dormirons où nous pourrons dormir, que ce soit en tente ou chez qui voudra de nous (en faisant les yeux doux à nos chauffeurs hihihi), où nous mangerons sûrement nos conserves froides, et où nous nous efforcerons de ne pas regarder l'heure! Une fois arrivés au Chili: fini le wwoofing pour le moment! Nous essaierons cette fois le couchsurfing. Cette fois, nous demandons à des gens qui proposent une chambre ou un canapé chez eux de bien vouloir nous accueillir quelques jours en échange... d'échange. Oui, juste en échange de l'aspect culturel, de bons moments à partager, du bonheur de rencontrer quelqu'un, et de nos jolis petites bouilles de galériens! Bon, personne ne nous a encore accepté (on est jolis pourtant :( ) mais on ne perd pas espoir!


Enfin bon, voilà où nous en sommes pour le moment. Je vous avais dit que cet article allait être long! Mais pour vous récompenser d'avoir tout lu bien correctement, je vais mettre quelques jolis photos sur Facebook parce que vous le valez bien. Bon j'avoue que ceux qui lisent pas auront les photos aussi... Mais chut on va rien dire. En plus ils auront pas l'article que Louis écrira un jour peut-être avec sa jolie écriture pleine de fautes qu'on lui pardonnera peut-être. (Je ne me tiens pas garante de quelque brûlure de rétine que ce soit.)


Sur ce, il fait nuit chez nous aussi, et on doit rentrer en stop: donc on va vous laisser! Merci de suivre nos aventures en espérant vous faire rêver un peu, et gros bisous les copains <3!


(PS: désolée pour la longueur.)

vendredi 19 février 2016

Les pieds dans l'eau.

Une heure du matin et je n'arrive pas à dormir, mes yeux restent désespérément ouverts en me disant que samedi sera une journée géniale. J'ai chaud, je me sens moite, j'ai l'impression d'être malodorante aussi, je suis toute seule dans l'atelier: allez il est grand temps d'aller prendre une douche. Ce n'est qu'un filet d'eau glacé qui tombe du vieux tuyaux découpé mais au moins l'eau est propre et j'ai du savon c'est cool. Je suis en pleine réflexion en regardant ce moustique obèse de s'être trop servi de moi et cette araignée si mal en point il y a quelques secondes qui en dévore maintenant une autre goulûment. Le vent se met à souffler, ca rajoute un aspect de film d'horreur aux scènes déjà pas très rassurantes qui se passent dans ma tête... Allez vite se rincer et vite sortir de là retourner dans mon lit si rassurant.

Les murs ne sont que des planches de tôles et bougent un peu au gré du vent, qui passe à travers les trous pour remuer les toiles d'araignée. Je sors et à la lumière qu'on laisse allumée pour attirer les moustiques en dehors de ma chambre je vois les feuilles des arbres se secouer au son d'un rock que je n'entends pas, remarque vu leur frénésie c'est peut-être du dubstep. Les premières gouttes d'eau tombent sur le toit fin, je les entends énormes s'écraser sur la tôle, et j'espère que demain je pourrais travailler quand-même. Je m'allonge à nouveau et par quelques miracles me réveille quelques heures plus tard.

Il est donc 5h quand j'ouvre à nouveau les yeux, regardant si tu m'as parlé durant ma nuit et le début de ta journée, il pleut encore à torrent, j'espère que ca s'arrêtera dans la matinée. Entre sommeil et éveil, les heures s'écoulent, je t'envoie quelques messages, m'inquiète de savoir comment ca se passe pour toi: chaotiquement mais ca va, alors ca va. Il est 8h je suis sensée être au travail mais suis toujours dans mon lit, il est inutile de penser livrer des journaux sous la pluie. Je regarde la météo et voit que ca ne s'arrêtera que vers 11h apparemment, bon peut-être que j'y irais à ce moment-là, je mets un dernier réveil à 10h pour me preparer.

Ce n'est pas mon réveil qui m'a réveillé, mais l'autre argentin là, celui qui m'énerve tout le temps, celui qui a décidé que l'atelier c'était chez lui, celui qui tambourine comme un con à ma fenêtre pour que je vienne lui ouvrir, de bonne humeur évidemment. Il ne comprend jamais quand je lui dis non et me parle comme si j'étais une sous-douee, l'autre jour il a cru bon de m'apprendre à fermer une poche poubelle parce que peut-être que je fais pas ca en France, puis de toute facon il vaut mieux lui parler avec des signes elle connaît pas toutes les conjugaisons de ma langue natale elle doit être un peu conne non?

Je râle donc, referme la porte, il fait sombre, j'allume la lumière mais rien. Il n'y a plus de lumière, et le vent souffle toujours, fort comme ce matin, voire plus, et la pluie tombe et tombe. Un peu ebêtée je regarde enfin par la fenêtre et voit que l'eau est partout, l'atelier est une petite île entourée d'eau. le fleuve avait pourtant baissé ces deux derniers jours, la menace que l'atelier soit inondé semblait écartée... Juanco, le maître des lieux, vient et me demande comment je vais: bien, je vais bien. Regardons comment l'atelier va, par contre. Bonne nouvelle ma chambre ne prend pas l'eau, en revanche la cuisine est inondée, mais ca va il n'y a pas d'électricité ou quoi, il n'y a que l'évier et une table, le frigo et la gaziniere sont au sec. Ouvrons la grande porte de l'atelier pour voir... L'eau est rentrée. Elle est allée loin dans l'atelier, tout le fond prend un bain, et les vaguelettes pénètrent encore et encore à cause de ce vent qui ne veut cesser de souffler. Je m'inquiète, Juanco aussi, ca fait bien longtemps qu'il n'a pas vu de vent souffler comme ca. «Allez, Querida, je dois y aller, je reviendrais plus tard. Et si ca empire, nous trouverons une solution.» Oui, et moi je retourne m'allonger en attendant que ca cesse. Après tout, même quand il fait beau en ce moment, je ne sais plus trop quoi faire, alors là enfermée dans un atelier inondé...Il vaut mieux me rendormir.

14h, ma tablette fait du bruit et me réveil. Internet est revenue, il y a de la lumière dans ma chambre: l'électricité est la! Je vais pouvoir me faire à manger c'est génial! Alors je fais un état des lieux, une nouvelle fois: je suis toujours entourée d'eau, mais non elle n'a pas pénétrée plus loin qu'avant. Le vent ne souffle plus, tout est calme, les oiseaux chantent, essayant sans doutes de retrouver leur nid, et si je n'ai pas envie de chanter là maintenant tout de suite je suis juste soulagée par l'idée de pouvoir rester ici, je n'ai pas à trouver de solution, et ca soulage. Lundi ou mardi, je serais partie d'ici: plus d'ennui, plus d'inondations... Enfin sur ce point je n'en suis pas sûre. Mais au moins mon voyage reprendra, et je ne serais même pas obligée de partir à la nage! Enfin je crois...

(Photos disponibles sur Facebook sur la page El Pandito Viajando, n'hésitez pas à aller la suivre!)